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CGT Inergy (Groupe Plastic Omnium)CHSCT..28 JANVIER 2013..Les Maladies d'Antan...

Publié le par chsct cgt inergy

 

Les maladies d’antan refont surface

Voilà qui nous change de la grippe et de la gastro ! La tuberculose, la gale ou la rougeole font un inquiétant come-back en France.

 

 

Surtout, ne pas se serrer la main. Encore moins se claquer une bise. Au commissariat de Vannes, consigne est donnée de se saluer de loin. Epidémie de gastro chez les pandores ? Pas du tout ! Depuis le mois de septembre, sept policiers de la maréchaussée morbihannaise et la compagne de l'un d'entre eux ont été infestés par le sarcopte, le parasite qui provoque la gale et se propage par contact.

Du coup, on évite scrupuleusement la paluche tendue du collègue le matin et les gants se portent en double paire lors d'interventions sur le terrain. Pendant ce temps-là, à Marseille, ce sont les urgences psychiatriques de l'hôpital de la Conception qui ferment leurs portes, l'espace de quelques jours, pour chasser le parasite venu y élire domicile. A Forbach, à Toulouse, à Périgueux, dans les écoles, les maisons de retraite, la gale, maladie contagieuse que l'on pensait disparue, démange. La France se gratte. De plus en plus. « Les Agences régionales de santé (ARS) nous ont rapporté une augmentation des cas sur l'ensemble du territoire. A travers l’analyse des ventes de produits contre la gale, on estime aujourd'hui qu'il y a annuellement 350 cas pour 100.000 habitants », affirme Didier Che, épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire (IVS). 
 
En l’absence d’un système de surveillance spécifique, il est difficile d’avoir des données antérieures. Les armoires à pharmacie font office d’indicateur. Entre 2005 et 2009, les ventes de flacons de benzoate de benzyle et de comprimés d'ivermectine, arsenal thérapeutique contre la pathologie, ont bondi de 11 et 24% par an. Une recrudescence encore difficile à expliquer et qui déborde certaines officines, en rupture de stock. « La gale, c'est une maladie de la promiscuité, qui peut se transmettre à tout le monde », explique le Pr Marc Gentilini, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales.


Le Français moyen qui prend le métro en mode collé-serré, la famille pauvre qui vit dans un 15 m2, les gamins qui jouent ensemble à la récré et même Zlatan, s’il échange son maillot du PSG avec un joueur qui a la gale, peuvent l’attraper. La grande différence, c'est que le précaire aura plus de risques de la voir s'installer durablement et récidiver : la pauvreté créé la promiscuité dans laquelle se complait le sarcopte et nuit gravement à la guérison. Se débarrasser des démangeaisons est un luxe : un traitement en spray et flacons coûte 75 €, non remboursés par la Sécu, il faut traiter toute sa literie, voire la jeter.

 

Gale, teigne, tuberculose, coqueluche, rougeole, oreillons… Au XXIe, la France, cinquième puissance mondiale, voit revenir en force des maladies d'un autre siècle. Des affections oubliées qui s’incrustent, grandement encouragées par la précarisation ambiante. « Aujourd’hui, il y a des quartiers à 15 km de Paris où l’on vit la tuberculose comme au XIXe siècle. Cela doit interroger l’Etat », s’alarme Claude Dilain, sénateur (PS) de Seine-Saint-Denis, pédiatre et ancien maire de Clichy-sous-Bois. En 2011, la ville de banlieue fut le théâtre d’un pic inédit de tuberculose : 23 cas dans le seul ensemble de logements insalubres du Chêne-Pointu. Et sans doute beaucoup d’autres, non détectés, dans le reste de l’agglomération. 

Paradoxalement, les habitants de Seine-Saint-Denis sont bien mieux vaccinés que leurs compatriotes du reste de la France contre le bacille de la tuberculose, mais ils demeurent les premiers touchés par la maladie (31,4 cas pour 100000 habitants, soit 4 fois plus que la moyenne nationale). Le vaccin existe, mais il n’offre qu’une maigre barrière de protection : efficace contre les formes graves de la maladie, il n’empêche pas de l’attraper pour autant. La vie en communauté, qui plus est, dans des conditions de précarité et avec un accès aux soins limité, facilite la circulation du bacille. Avant d’éradiquer la tuberculose, c’est la pauvreté dont il faudrait se débarrasser. 

« Je crains de voir la maladie se répandre sur le territoire. C’est vrai qu’elle a énormément reculé [8,1 cas pour 100.000 habitants en 2010, contre 250 pour 100.000 en 1950 et 15 pour 100.000 dans les années 1980-1990, nldr]. Mais elle peut ressurgir à tout moment, surtout avec la paupérisation de la société. Personne n’est à l’abri », s’inquiète Claude Dilain, qui plaide pour une politique de lutte axée avant tout sur un dépistage régulier. De fait, huit mois après la poussée épidémique à Clichy-sous-Bois, un nouveau foyer s’allumait dans le Val-de-Marne : 7 malades dans un lycée de Maisons-Alfort. Fin 2012, quatre cas étaient signalés au sein d’une même famille modeste d’Outreau, dans le Nord-Pas-de-Calais. 

De janvier à novembre, 208 cas ont été recensés dans cette région, contre 167 pour l’ensemble de l’année 2011. Mêmes causes, mêmes effets… « La situation est exceptionnelle », souligne le Dr Sandrine Segovia-Kueny, chargée de la santé publique et environnementale à l’ARS Nord-Pas-de-Calais. « Nous avons vu surgir deux cas de tuberculose neuro-méningée, l’un provoquant la mort d’un enfant. Aucun cas aussi grave n’avait été signalé sur l’ensemble du territoire français depuis 2 ans. On avait presque fini par oublier que la tuberculose existait encore ».

 

Un sentiment anti-vaccin depuis le fiasco du H1N1

Un peu comme on avait oublié la rougeole. Au milieu des années 2000, moins de 50 cas annuels étaient déclarés. A ce rythme-là, à partir de 2010, la rougeole ne devait plus être qu’un lointain souvenir, boutée hors du territoire par une vaccination efficace. Raté. Cette année-là, 3429 rougeoles ont bourgeonné. Un an plus tard, en 2011, presque cinq fois plus de cas (16466) sont recensés. « C’est un virus hautement contagieux, un seul malade le transmet à 15 personnes. Beaucoup de personnes n’étaient pas immunisées et l’ont attrapé », souligne Christiane Bruel, de l’ARS Ile-de-France. 

Au total, entre janvier 2008 et mai 2012, plus de 22.000 cas ont été déclarés, 5.000 patients ont été hospitalisés, 10 sont décédés. « Pour éliminer la rougeole, il faut une couverture vaccinale de 95% pour la première injection, et de 90% pour la seconde à l’âge de 2 ans, explique le Dr Denise Antona, épidémiologiste à l’INV. Or, en France, ces taux sont respectivement de 90 et 65%. Parmi les pays occidentaux, en 2011, nous avions la plus forte incidence de rougeole. C’est inacceptable de mourir encore aujourd’hui de la rougeole en France ! » Le pic épidémique a un peu poussé les Français se faire revacciner, contenant le virus. Il n’empêche.

La campagne catastrophique de lutte contre la grippe A/H1N1, en 2009, a réveillé le sentiment anti-vaccin de nos concitoyens. Y compris parmi les médecins, prêts à signer de fausses attestations de vaccination aux enfants qui doivent être immunisés s’ils veulent être admis en crèche. « On a trompé l’opinion publique en lui prédisant une apocalypse qui n’est jamais venue. Ce qui s’est passé avec le H1N1 est grave et a contribué à la démobilisation de la population », analyse le Pr Marc Gentilini, sévère à l’égard des « grippologues », responsables de la désaffection vis-à-vis de vaccination. « La rougeole, les oreillons… L’ère pasteurienne et ses vaccins avaient réduit ces maladies.

 

 Faute de vaccinations, elles réapparaissent. C’est redoutable. Ces résurgences sont des rappels à l’ordre. » 

 

A l’heure où le changement climatique et la mondialisation font planer de nouvelles menaces épidémiques, il est peut-être temps d’en tenir compte.

 

 

    

 

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